Réseau éducation sans Frontière du Lycée Voltaire-Paris 11ème

Article : La mairie du 20° se mobilise contre l’expulsion de deux lycéens

La mairie du 20° se mobilise contre l’expulsion de deux lycéens

Samedi, à la Mairie du 20°, moment tès fort et très émouvant : deux jeunes lycéens sans papiers et menacés d’expulsion sont parrainés par des citoyens. C’est la première mairie de Paris qui, par cet acte, rappelle nos valeurs républicaines, de Liberté, d’Egalité et de Fraternité. Espérons, et faisons en sorte qu’elle soit suivit par d’autres.

Voici l’intervention de RESF Paris à la cérémonie de parrainage de Naboudou et Junior ­ le 14 janvier 2006 ­ à la Mairie du 20° :

"Nous sommes heureux, aujourd’hui, de participer en cette mairie du 20° arrdt de Paris à la cérémonie du parrainage républicain de Naboudou et de Junior. C¹est un moment fort, c’est un moment de bonheur qui nous rassemble.

Nous sommes heureux et pourtant nous restons inquiets. Quand une société envoie sa police chercher des enfants dans les écoles pour les emmener dans des centres de rétention - comme Randy, 6 ans, en cp à Rennes, comme ces deux petits de 3 et 6 ans dans une maternelle de Moselle, comme ces deux frères de 14 et 17 ans dans leur classe d’un collège de Fameck, ou encore ce gamin de 8 ans, dans le centre aéré de Fleury les Aubrais, et tant d’autres le signal d’alerte est fort et ne peut conduire qu’à s’alarmer et se mobiliser. Et nous sommes inquiets quand la France, "berceau des droits de l’Homme", qui a accueilli dans ses écoles des adolescents étrangers veut les expulser dès leurs 18 ans parce ce qu’ils ne sont plus des enfants, mais devenus des majeurs sans papiers. Pouvons-nous l’accepter ?

Nous ne pouvons pas l’accepter. Nous tous , ici, nous nous réfèrons aux textes ratifiés par la France - Convention de Genève, Convention internationale des Droits de l’Homme, Convention européenne de droits de l’enfant - des textes qui, tous, préservent les droits fondamentaux et protègent, notamment les enfants. Ces textes nous engagent. Ils disent, ils prônent des valeurs qui sont les nôtres : la justice, la fraternité, la solidarité.

Mais aujourd’hui, ils sont ignorés, niés, détournés par des lois de circonstance, des circulaires et des pratiques administratives qui organisent la traque, le rejet et l’expulsion du territoire français. Cette politique est indigne des principes qui fondent une démocratie. Elle alimente la xénophobie, le racisme et, par réaction, le repli communautariste.

Quand le ministre de l¹Intérieur dit suspendre les expulsions jusqu’à la fin de l¹année scolaire, en fait, il annonce des milliers d¹expulsions d’élèves pour le prochain été. Alors, oui, nous sommes inquiets et révoltés. Et nous en appelons à une insurrection des consciences.

Et bien, nous serons au rendez-vous de l¹été 2006 et nous nous opposerons aux reconduites à la frontières avec la même vigueur qu¹aujourd¹hui parce que, répétons-le, ces jeunes gens et jeunes filles sont désormais d’ici,ils sont ici chez eux. Leur place n¹est pas en centres de rétention dans l’attente del¹expulsion, mais dans les écoles, les collèges et les lycées. Ils doivent être régularisés.

Rien n’est plus important que la mobilisation de tous : enseignants, parents, élèves, élus, citoyens. Partout rassemblés, partout plus nombreux, c’est ce que nous signifierons le 1er février par des rassemblements devant les préfectures de France.

Merci à la Mairie du 20°, à Michel Charzat et à Danièle Simmonnet. Aux parrains et marraines de ces jeunes gens, nous disons bravo et merci pour ce beau geste d’accompagnement, symbolique, qui est un acte de fraternisation.

Et à vous deux, Naboudou et à Junior, nous vous souhaitons de tout coeur de continuer à construire votre vie ici, parmi nous nous, de poursuivre vos études, tranquillement, en toute sérénité. Vous êtes les bienvenus."


2006-01-17 11:53:16
Brigitte WIESER








 

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